De l'importance d'ouvrir l'oreille,
J'étais alors interne aux urgences. Comme dans beaucoup de services d'urgences, il y avait des habitués. Lui, c'était l'habitué de fin d'après midi. Dialysé, une histoire gastrique pas claire, altéré par la vie. Il venait régulièrement, en fin de journée, hurler qu'il avait mal au ventre. "De la morphine", c'était à peu près ses seuls mots. Pour l'équipe, c'était une sorte d'addiction aux opiacés, un shoot à venir chercher lorsqu'il n'avait pas sa dose. J'avais vu plusieurs fois son nom sur le logiciel. La première fois que j'avais du prendre en charge son dossier, j'avais appelé son néphrologue et le gastro-entérologue qui avait fait la dernière fibroscopie pour y voir plus clair. Ils étaient rassurants. Il avait des douleurs chroniques, il fallait le soulager, c'était tout. La sénior m'avait briefée, un peu d'antalgiques dans la perfusion et retour maison. On faisait quand même le point sur sa douleur a...